Saint- François,
année 1870.
Il s’agit bien de 1870, l’époque de Napoléon III. Il y
a plus d'un un siècle, St François, sous la direction vigoureuse
de son fondateur, Monsieur le Chanoine DEHAENE, était bien
vivant. Écoutons l’abbé Lemire, dans son livre,
" L’abbé Dehaene et la Flandre
" nous raconter les projets
que l’on avait à St François, peu de temps avant
qu’une guerre malheureuse ne vint amoindrir notre pays:
" Monsieur Dehaene pensait à former une Association
d’Anciens Élèves. Il voulut l’inaugurer par un banquet et
une cérémonie religieuse... Après réflexion, il se décida
pour la date du 22 septembre 1870. Il réservait, pour ce
jour-là, l’inauguration des orgues de St François, un
bel instrument, sorti des ateliers Merklin-Schütze. Les
invitations furent lancées le 9 juin. Elles mentionnaient ainsi
le programme de la journée:
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Une
messe solennelle sera célébrée, le 22 septembre, à neuf heures
du matin, à l’intention de tous les invités, avec instruction
par M. l’abbé Ledein, ancien professeur du Collège d’Hazebrouck,
ancien Supérieur du Collège de Notre-dame des Dunes, à
Dunkerque, actuellement du Clergé de- Paris. Le banquet sera
servi à une heure. A 3 heures 30 aura lieu la cérémonie de la bénédiction
de l’Orgue, suivie de l’inauguration, pendant laquelle se
feront entendre M. Renaud de Vilbac, grand Prix de Rome, organiste
de St Eugène, et M. Charles Verroust, premier Prix de Basson du
Conservatoire de Paris, ancien élève du Collège d’Hazebrouck
elle se terminera par un salut solennel, avec Sermon de
circonstance par le prédicateur du matin . |
Arrivaient bientôt de
toutes parts, les adhésions chaleureuses des anciens élèves,
tous heureux qu’on leur fournît l’occasion de se revoir...,
de resserrer les liens d’amitié formés sur les bancs du collège,
et de revenir, pour quelques heures, du moins, à l’inoubliable
cordialité du premier âge ".
Mais brusquement, tous ces beaux projets furent anéantis. Le 19
Juillet, la France déclarait la guerre à la Prusse. Le 4
août, les parents des élèves étaient réunis à St François,
selon l’expression de Monsieur Dehaene, non pour " une
distribution mais pour une proclamation des prix
".
L'orgue en 2002
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En effet, on
peut lire sur la première page du Palmarès de
l’année 1869-70, cette mention:
" Les élèves ont fait spontanément le
sacrifice de leurs livres de Prix en faveur de l’Armée
française sur le Rhin, en guerre contre la
Prusse."Hélas, ce même 4 août, c’était la
défaite de Wissembourg et l’invasion de l’Alsace.
Les 1er et 2 septembre, Bazaine se laissait cerner sous
Metz, Mac-Mahon capitulait à Sedan, l’empereur
rendait son épée.
Le 4 septembre, l’Empire était renversé.
Naturellement, à St François, il ne fut plus
question d’inauguration d’orgues, de banquet, de
réunion d’anciens élèves, de fête
quelconque....Mais, depuis cent ans, l’orgue qui n’a
jamais été inauguré a rendu bien des services et
rehaussé de nombreuses et grandioses cérémonies..
Tout en restant de bonne qualité, il accuse tout de même
le poids des ans.
A l’occasion de son Centenaire, il a paru nécessaire
de le rajeunir. C’est pourquoi la Maison Pascal de
Lille, entreprendra, à partir d’octobre prochain, une
réfection importante de l’instrument et l’on peut
espérer que, cette fois, aucune catastrophe nationale
ne viendra empêcher l’inauguration de l’orgue rénové....
Quant à l’Association des Anciens, dont rêvait
Monsieur Dehaene, eh bien, elle a mis du temps à se
constituer, puisqu’elle est née en 1956, mais, ma
foi, elle se porte bien, n’est-il pas vrai, chers
lecteurs.
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Sources:
Article paru en Juillet 1970 dans le n°14 dans le
bulletin des anciens de l’Institution Saint-François
D’assise " L’inauguration de l’orgue ".
En 1945, Jules Boone, de Fives, replace la
tuyauterie mise à l'abri pendant la Seconde guerre
mondiale. En 1970-1971, Jean Pascal, de Lille,
restaure l'Orgue.
Buffet
Le buffet plat, aux décorations sobres, est construit
en sapin teinté en marron foncé. La partie
instrumentale repose sur une charpente indépendante en
sapin et est plafonnée. L’expression de l’ensemble
des jeux se fait par l’ouverture des jalousies de la
boîte expressive derrière la façade et par celle du
panneau arrière central. Les tuyaux de la façade se
répartissent entre deux grandes tourelles plates
latérales, deux plates-faces et une petite tourelle
plate centrale. Ils sont en étain avec écussons
rapportés en plein-cintre, et avec freins harmoniques
ou oreilles pour douze tuyaux.
> L'orgue
de la chapelle à l'inventaire général, 1999
Description technique de l’instrument
Console
Accolée, sur le côté droit du soubassement, en chêne
et en bois exotique, fermée par un rideau coulissant.
Blocs des claviers plus récents en bois exotique.
Claviers en résineux, frontons biseautés. Placage des
naturelles en ivoire et feintes en ébène. Octave 159
mm. Pédalier droit et concave en chêne, feintes
rehaussées de palissandre. Tirants de registres de
section ronde en chêne, disposés sur deux colonnes
horizontales en fronton au-dessus du récit. Pommeaux en
palissandre. Nomenclature des jeux sur porcelaines
blanches pour le grand-orgue, bleues pour le récit, en
jaune pour la pédale; la lettre p (pieds) est rajoutée
après le chiffre.
Tirasses, appel et trémolo par pédales en fer à
accrocher. Expression par bascule centrale. Banc en
chêne. Plaque de palissandre et marqueterie de métal
indiquant
SOClETE
ANONYME
POUR LA FABRICATION
DE GRANDES-ORGUES ET HARMONIUMS
ETABLISSEMENTS
MERKLIN – SCHUTZE
(3 petits
médaillons Grande Médaille-Londres 1851 / Médaille
de rr Cl. -Paris 1855 / 1 r Médaille-Dublin 1865; un
grand médaillon à gauche Médaille d’or —
Exposition Universelle — MDCCCLX VII — à
Paris; un grand
médaillon â droite Napoléon III Empereur).
Autre
inscription gravée sur le fronton arrière
Pascal 1971
Transmission
Mécanique non suspendue. Cadres d’abrégés en
chêne, rouleaux en fer. Balanciers en chêne. Vergettes
en sapin. Écrous en cuir. Équerres de métal. Abrégé
horizontal sous le sommier pour les
manuels, rouleaux en dessous pour I, au-dessus pour II.
Abrégé horizontal au sol pour la pédale. Transmission
mécanique des jeux par grands sabres en fer verticaux
et obliques à la console. Appel mécanique des anches I
par bloc coulissant sous les registres des anches.
Sommier
À gravures, en chêne. Laye du grand-orgue et du
récit, à l’arrière. Laye de la pédale, à l’avant.
Disposition diatonique.
Un grand sommier unique à gravures intercalées pour
les trois plans sonores. Ordre des chapes Voix céleste
8, Montre 8, Bourdon 16, Flûte harmonique 8, Bourdon 8,
Salicional 8, Flûte 4, Fourniture 3 rgs dont le rang
arrière est commun avec la chape de la Doublette 2
(ordre des rangs 2 2/3, i 1/3 et 2), Doublette 2, Cor
16,Trompette 8, Basson-Hautbois 8. Pièces gravées en
chêne de part et d’autre du sommier.
Soufflerie
Réservoir à deux plis rentrants et à un pli
sortant, dans le soubassement, actionnable par un levier
manuel actuellement démonté. Postages en plomb.
Porte-vents en sapin peint en marron. Ventilateur
électrique Meidinger dans une caisse insonorisée
placée dans le mur, à la tribune.
Tuyauterie
D’origine. En étain l’alliage des tuyaux
intérieurs est moins riche que celui des tuyaux de
façade. Tuyaux en sapin peint en marron, lèvres en
chêne vissées. Les dessus de la Flûte 4 ont été
recoupés. Entailles de timbre généralisées. Dents.
Biseaux avivés. Inscriptions à la pointe. Diapason
La 440 Hz environ.
haut
de page
NOTRE
CHAPELLE, PAR LE PÈRE ALLAERT-1957- |
Elle n’est plus tout à fait ce qu’elle
fut pendant nombre d’années. Comment
sommes-nous venus à ces transformations et
pourquoi ? C’est ce que je voudrais
dire à nos Anciens. à ceux au moins
d’avant la dernière guerre. ( Les
transformations évoquées ont été effectuées
de 1949 à 1951) |
Saint-Antoine
Saint-Albert
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Ils
remarqueront on y entrant, la nouvelle porte
qui s’orne de deux petits vitraux, représentant,
l’un, St. Antoine, à qui les Capucins,
fondateurs de la Maison dédièrent la
Chapelle en 1854.
L’autre St.
Albert le Grand, patron et modèle de la
jeunesse étudiante. C’est en même temps un
hommage de reconnaissance qu’il fallait
rendre à quelqu’un, qui fut l’insigne
bienfaiteur de notre Chapelle M. Antoine T..
et à son fils Albert, prématurément décédé.
A l’intérieur
on a remis à une place d’honneur le grand
Christ retrouvé dans les combles de la
Maison, où il avait été remisé après le départ
des Religieux en 1861.
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le
grand christ
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Ce
Christ se dressait jadis sur un tertre, à
l’entrée de la chapelle, quand l’actuel
vestibule n’était qu’un jardinet.
Le chœur, lui, a été libéré de deux
autels adventices qui l’étriquaient,
faisant portants de théâtre, selon
l’expression de Mgr LOTTHE, dont la
haute compétence guida nos projets de
restauration. |
Monument
de Jacques Dehaene
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Pour
un meilleur équilibre, le monument de M.
DEHAENE fut placé vis-à-vis de celui de M.
BARON. Il convenait de rapprocher le
souvenir de ces deux anciens Supérieurs, qui
présidèrent pendant un demi-siècle aux
destinées de la Maison et lui donnèrent son
esprit, que je me suis plu quelquefois à résumer
dans les trois lettres qui servent selon
l’usage à désigner administrativement le petit
Séminaire P.S.H., car ce sont les
trois initiales des mots connus
PAUPER, SERVUS, HUMILIS.
M. DEHAENE n’avait-il
pas en effet confié à un ami:
"Je nomme la Maison du nom de
St. François d’Assise, parce que ce grand
Saint a tant aimé le bon Dieu, parce qu’il
a tant aimé les pauvres et la vertu de
pauvreté." M. BARON.
dans une de ses dernières lettres faisait écho
à la même pensée: " Je remercie
Dieu d’être né pauvre et, je l’espère,
de mourir pauvre !"
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vue d'un confessionnal
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Restaient
les confessionnaux, qui avaient pu
servir aux Capucins, mais ne servaient plus
qu’à emmagasiner de la poussière "Retirez-les
", dit encore Mgr LOTTHE.
Comme ils s’encastraient dans la muraille
ils cédèrent utilement la place aux...
radiateurs.
Il fallait aussi penser à embellir un peu
notre vieille Chapelle. qui dans son simple
appareil paraissait assez vide.
Les lambris
qu’offrit spontanément au Séminaire notre
généreux donateur y ont aidé.
Et le même bienfaiteur nous permit encore de
remplacer les dalles bleues, si froides et si
laides, par un pavement en marbre du
Boulonnais.
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Quant
au Chemin de Croix, c’est M. l’Abbé
VERMEULEN. notre ancien Économe du temps
de la guerre, qui l’a découvert en Suisse,
dans l’église de Sion, que le visitai un
jour assez distraitement en sa
compagnie." Voyez, me dit-il,
c’est ce qu’il nous faut pour notre
Chapelle ". Ce fut plus vite dit que
fait.
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Le
sculpteur résidait à Locarno. Il
nous demanda un an pour l’exécution
du travail. Mais quand les stations
une fois exécutées arrivèrent en
gare d’Armentières, la douane ne
nous permit, pas de les
retirer.
Il
fallut recourir à l’office des
Changes, un Chemin de Croix
ne figurant pas dans la liste des
objets alors importables de l’étranger.
Affaire de devises !
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Une
amicale intervention permit
finalement après de longs délais,
de tout arranger C’est ainsi que
notre Chapelle a pu s’enrichir
d’une œuvre d’art originale.
probablement unique en France
et qui parle à l’ âme autant
qu’aux yeux," Lapis de
pariete clamabis ", dit un
prophète. |
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N.B.
Ce chemin de croix en bois sculpté qui ornait
la chapelle fut emmené par l'abbé Catteau,
Économe du Séminaire, affecté à la paroisse
de Vieux-Berquin lors de la liquidation des
biens du Petit Séminaire.
Quand l'abbé quitta sa paroisse pour une
retraite bien méritée, le chemin de croix fut
transféré de l'église à la chapelle de la
Maison de retraite de cette même ville où on
peut encore l'admirer de nos jours.
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sources:
Article paru en juillet 1957 dans le n° 1 du
bulletin des anciens de l’Institution
Saint-François D’assise par Monsieur le
Chanoine ALLAERT, 21 ans supérieur de la
maison.
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