M.
Paul Alphonse Baron- Biographie
(1837-1911) |
Monsieur
Baron
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En 1881,
un an avant la mort de Mr Dehaene, M.
Paul Alphonse Baron , qui avait été son collaborateur
pendant vingt ans devient le second supérieur.
M. le chanoine Baron est né à Wormhoudt le 27 Février
1837.Il fut ordonné prêtre à Cambrai le 20 décembre 1862.
il était professeur au collège communal
d'Hazebrouck, où il enseignait depuis le 4 octobre 1857.
A la révocation de M. Dehaene, le
8 mars 1865 il suivit son "Principal" au couvent
des "Capucins"; il fut professeur de philosophie
et directeur de l'Institution libre St
François d'Assise en octobre 1865 puis supérieur
en 1881.
Chanoine honoraire de Cambrai en
1886, puis supérieur honoraire en 1907. Il mourut
au Petit Séminaire le 17 Avril 1911.
Doté d'une mauvaise santé, Il put difficilement se dégager
de l'orbite de son illustre prédécesseur.
Edmond Hasbrouck fut le 3° économe du
petit séminaire de 1883 à 1907.
C'est en
1886 que fut construite la partie gauche du petit
séminaire où se situe le réfectoire.
Un monument
commémoratif en l'honneur de Mr Baron réalisé par Gustave
Pattein (1849-1911), orne désormais le mur droit
de la chapelle. Il représente une tête en ronde
bosse avec un encadrement en bois de chêne. |
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Une époque difficile
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Au début du XX° siècle,
l'anticléricalisme atteignant en réaction un degré énorme,
les catholiques se voient rejetés de
l'administration, de l'enseignement et de l'armée. Les noms
de rues sont changés de saints en héros de la république.
Ces affaires entraînent la rupture des relations
diplomatiques avec le Vatican (1904).
La loi de séparation qui est votée en décembre 1905
est vue par les uns ou les autres, comme un moyen de stopper
l'anticléricalisme ou de commencer la déchristianisation du
pays. Cette loi reconnaît la liberté de conscience et
supprime le budget des cultes.
Cependant le petit séminaire d'Hazebrouck n'est que peu
touché par cette vague de contestations mais le Nord de la
France est fortement perturbé.
Jules Lemire est relevé de ses fonctions de
professeur
à Saint-François d'Assise par Mgr Monnier lorsqu'il est élu
député en 1893 mais il reste soutenu par le pape Léon
XIII .
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vue du séminaire et
de son concierge après 1914
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Le séminaire en 1900
Supérieur: A.Baron,
Chanoine honoraire,
Directeur: A. Delylle.
Économe: Hasbrouck;
Professeurs: L. Dethoor, J. Chirouter, J. Baron, J.
Debreyne, H. Lefebvre, R. Béhague, L.Crémon, V.
Leroy, G. Andriès, Gontier, Ch.Delannoy, Ad.Ampen,
Rose Proye, G. Gars.
Professeur de musique: Syders.
Effectif: 212 élèves.
(mise à jour: 27/12/2005)
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M.
Paul Alphonse Baron, l'homme
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" C'était un
homme impressionnant: de grande taille, maigre de figure,
visage d'ascète, mais d'une expression bien douce, cependant.
Il marchait lentement, avec majesté, droit comme un I ,
les mains enfouies dans ses manches de soutane.
Quand il apparaissait à la salle d'étude, pour proclamer les notes,
c'était aussitôt un silence de mort, d'autant plus
impressionnant, qu'il n'avait qu'un filet de voix, et que pour
être entendu, chacun devait tendre l'oreille, presque sans
oser respirer. Je ne l'ai jamais vu rire, et je ne l'ai vu
sourire qu'une fois. .. "
Les
professeurs en 1887 autour de Mr
Baron
Jules Lemire, au premier rang-
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Il
ne quittait guère son appartement que pour se
faufiler dans sa chapelle particulière où, des
heures durant, il s'attardait, ou bien pour se rendre
au réfectoire. Régulièrement, en effet, il
présidait le repas de midi. Une maladie d'estomac lui
infligeait un régime sévère: par petites lampées,
il ne prenait qu'un peu de lait, ce qui lui laissait
la possibilité d'observer en silence professeurs et élèves... "
Entre autres anecdotes, M Baron possédait un
merle qui occupait alors une grande place dans la vie
de l'institution...
source: M. le Chanoine B.
Debussche, le 21 septembre 1958, à l'age de 88 ans.
source: Docteur
L. Dehorter, article paru en Juillet 1966
dans le n°10 du bulletin des anciens de l’Institution
Saint-François D’assise
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Mgr
MONTAIGNE C.M. 1883-1962 |
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Mgr
Montaigne
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Le 9 janvier 1962, à l’infirmerie
de la Maison-Mère des Lazaristes, après deux ans de
douloureuse maladie supportée sans jamais la moindre
plainte, s’est éteint, assisté de sa sœur, Fille
de la Charité; Mgr Paul Montaigne, ancien vicaire
Apostolique de Pékin.
Il était né en Flandre, à Terdeghem, canton de
Steenvoorde, dans une famille nombreuse et
profondément chrétienne. Sa mère, bonne Flamande,
simple, vaillante, discrète et enjouée, ne faisait
et ne voyait rien que dans l’esprit chrétien. Deux
de ses filles se donnèrent à Dieu chez les Filles de
la Charité. Paul fit ses humanités au Petit
Séminaire d’Hazebrouck, et sa philosophie à
Solesmes (Nord). Désireux d’être Missionnaire, il
entre au Noviciat des Lazaristes en 1901 et poursuit
ses études de théologie. Ses condisciples lui
retrouvent les qualités de sa mère, simple,
laborieux, enjoué. charitable, d’un commerce
agréable, et surtout très pieux, d’une piété
sans phrases, profonde, virile.Ordonné
prêtre en 1907, M. Montaigne est désigné, à son
grand bonheur, pour la Chine. De 1907 à 1918 il sera
successivement, professeur au Grand Séminaire de
Pékin. icaire, puis Curé de la paroisse de Wan-nan.
Directeur du district de Tchang-teng, puis de Tong-lu
(pèlerinage fameux à Notre-Dame de Chine), et
Directeur du Petit Séminaire de Sikoan. Dans ces
diverses fonctions, chrétiens et confrères admirent
son zèle missionnaire, — il aime ce travail
pardessus tout, — sa bonhomie, sa simplicité
paysanne. Ses ministères variés l’ayant bien préparé, en
1918
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V Mgr Fabrègues en tait son Vicaire Général à
Pao-ting-fu.En 1923, quand Mgr Fabrègues est nommé
coadjuteur de Mgr Jarlin à Pékin, M. Montaigne
accepte courageusement et sans phrases la charge
supplémentaire de Provicaire Apostolique de
Pao-ting-fu, en attendant la nomination d’un nouvel
évêque. Au bout d’un an, en 1924, c’est
lui-même qui est nommé par Rome, et c’est le
premier délégué Apostolique en Chine. Mgr
Costantini — le futur Cardinal-Préfet de la
Propagande — qui procède à sa Consécration Épiscopale
dans la cathédrale de Pao-ting-fu. En 1929, Mgr
Fabrègues meurt subitement dans le transsibérien qui
le conduisait à Rome. Mgr Jarlin, très âgé, perd
ainsi son Coadjuteur. Pour le remplacer il appelle Mgr
Montaigne qui encore une fois dit oui et mène de
front ces deux charges de Coadjuteur de Pékin, et
Administrateur de Pao-ting-fu jusqu’en 1931, où il
passe ses pouvoirs à Mgr Tchéou, Lazariste chinois,
nommé Vicaire Apostolique de Pao-ting-fu. Mgr
Montaigne le consacre lui-même sur place le 2 août,
et gagne définitivement Pékin. Le 27 janvier 1933, le
valeureux Mgr Jarlin meurt et laisse à Mgr Montaigne
la charge de 400.000 chrétiens. Jusqu’en 1937 les
Missions jouissent d’un calme relatif. Mais dès
septembre de cette même année, le Japon envahit la
Chine. Pékin, Tien-Tsin, les principaux ports du
littoral, puis de vastes régions intérieures sont
occupées. Bien des Missionnaires étrangers
rejoignent les camps de concentration tandis que les
autres vivent en climat de guerre, campagnes
dévastées, voies de communication coupées. En 1945,
vaincus chez eux par les alliés, — 9 août bombe
atomique sur Hiroshima —, les Japonais se retirent.
Mais voici un autre adversaire de taille et
déjà en place, le communisme de Mao Tsé Toung...
Une heureuse nouvelle pour les Missions de Chine vient
marquer 1946. Le Pape Pie XII annonce le il avril qu’i
établit la hiérarchie catholique en Chine — tous
les Vicariat Apostoliques se transforment en Diocèses
— et qu’il vient de créer le premier cardinal
chinois en la personne de Mgi Tien Thomas, Vicaire
Apostolique de Tsin-tao. Le 25 avril Pie XII nomme le
Cardinal au siège de Pékin.
Sans phrases, à la missionnaire, à la flamande, Mgr
Montaigne avait donné sa démission pour laisser la
place au nouvel élu qui fait une entrée triomphale
à Pékin le 29 juin Mgr Montaigne met son successeur
au courant des affaire, et regagne l’Europe en
automne 1947.
Mais la Chine prend tout le cœur de ses ouvriers. Au
printemps 1949, Mgr Montaigne débarqua à Shanghai,
espérant bien trouver un coin où dépenser le reste
de ses forces au service de l’Église en Chine.
Hélas, le communisme est déjà maître de la
Mandchourie et de la Chine du Nord. Le 25 mai,
Shanghai tombe à son tour. Il n’y a plus qu’à
regagner l’Europe.
La santé flanche depuis longtemps. Les rhumatismes
sont installés dans les jambes. A l’aide d’une
canne, sans mesurer son temps et sa peine, Mgr
Montaigne fait des tournées de confirmation à Paris
durant le printemps et l’été. Dès les premiers
froids, il gagne Carthage, où l’a invité son
confrère, condisciple et ami de toujours, Mgr Gounod.
En 1960, il dut s’avouer à bout. Sans un mot, il
gagne l’infirmerie, son fauteuil, son lit. Jamais
une plainte, toujours un mot aimable, tandis que le
chapelet glisse perpétuellement entre ses doigts.
Tous ceux qui le connurent l’estiment solide dans
les épreuves, plus partisan des lenteurs
providentielles que des audaces des hommes, homme de
foi en tout et avant tout, agréable et même familier
avec tout son entourage. Nul doute que Là-haut, l’Église
de Chine n’ait un intercesseur puissant et aimant en
la personne de Mgr Paul Montaigne.
Mgr Montaigne donne sa démission
au profit de son successeur: Mgr Thomas Tien.
Il regagne l'Europe en 1947. En 1949 Mgr Montaigne débarque
à Shanghai, mais le communisme est déjà maître de
la Chine et le 25 Mai Shanghai tombe à son tour. Mgr
Montaigne regagne l'Europe. Il y décèdera en 1962.
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1881-
SOUVENIRS D'UN ÉLÈVE, M HENRI EVERWYN
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Je suis donc entre en cours
préparatoire qui devait coïncider avec la onzième
classe. Les professeurs séminaristes étaient alors l’abbé
Obein, l’abbé Gontier, d’autres professeurs
séminaristes étaient les abbés Guwy aîné d’Hondeghem,
Chavatte 7ème, la seconde division était sous la
coupe de l’abbé Dethoor Louis (Parrain Louis), la
première division était sous la coupe du Père
Fiévez, jésuite la division des externes était
dirigée par l’abbé Petitpré de Vieux-Berquin l’abbé
Bels Henri avait la direction spirituelle des externes
qu’il n’aimait pas beaucoup et traitait de
"Race d’Amalécites".
L’éclairage des
salles était fait au moyen de papillons à becs de
gaz, ceux-ci avaient un jour été bouchés par un
externe au moyen de papier mâché, ce qui avait
probablement amené lé qualificatif donné par
Monsieur Bels.
La première fois les élèves avaient été renvoyés
chez eux, la seconde fois on leur avait donné comme
éclairage des bougies.
Dans cette promotion d’externes figuraient les
frères ITSWEIRE Cyrille et Edouard, devenus prêtres,
les abbés Van Eecke Eugène, Hidden Paul, tous
prêtres.
Le général Plancke Alidor, l’avocat Bulteel
Cyrille, le médecin Hémery Julien, les pharmaciens
Samsœn Léon, Cauwel Léon etc...
L’étude des externes était
située dans la cour de la cuisine, une des
distractions des élèves pendant les mois d’hiver
résultait de la cuisson des harengs qui se faisait
sur un gril placé à même le sol et répandait des
odeurs dans les environs. Certains élèves avaient
alors un besoin naturel à satisfaire pour aller voir
ce qui se passait et éventuellement obtenir un
morceau de la pitance. Dans la même cour, avait eu
lieu au cours d’un été la constitution et les
répétitions d’une musique constituée par M.
Snyders Edouard, pour figurer à la procession du
Saint-Sacrement, la Musique Municipale ayant cette
année, refusé son concours à Monsieur le Doyen
Salomé.
Dans la même cour, pendant la construction
de l’étage au dessus du réfectoire, avait été
érigé un réfectoire provisoire couvert en bâche et
adossé à la salle d’études des externes dont il
prenait toute la lumière. A cette époque a eu lieu
un orage très violent au cours duquel les vitres
furent en grande partie brisées.
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Vie
d'un élève à St François 1898-1903
Souvenirs de
Monsieur Émile Coornaert et de Mgr Vermeersch
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[…Octobre 1898…]
Nous nous levions à cinq heures. Je dois avouer que l’étude
du matin n’était pas la meilleure. Nous allions à la messe
à 7 heures. Nos rangs silencieux passaient devant la
chapelle. Après le repas de midi, nous nous arrêtions
quelques minutes à la chapelle pour une brève visite
au Saint-Sacrement.
Chacun à notre tour, une dizaine par matinée, nous
allions servir la Messe d’un professeur (nous apprenions nos
leçons pendant la messe de communauté).
J’aimais bien
servir une messe à la petite chapelle du " chapitre
" derrière le cloître.
Le petit Hondschootois qui
entrait à Saint-François en Octobre 1898 associait
vaguement à l’appréhension de quitter ses parents I’espèce
d’enchantement de tous les jeunes oui abordent une vie, un
monde nouveau à la mi-décembre il pleurait encore seul le
soir.
En Juillet 1903, il chantait de toute son âme un
refrain jamais oublié :
" Nous t’adressons, cher Petit Séminaire, Les adieux
de nos cœurs aimants " (paroles et musique de M.
Lefebvre, professeur de 3ème). et sa jeunesse s’étonnait
de ressentir avec une acuité encore presque actuelle une
brisure de sa vie.
Sur cinq années, que dire, dans un article oui doit être
bref, sinon esquisser quelques traits rapides, disparates ?
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D’abord le réveil
quotidien. A cinq heures. L’étude de 5 h 45 à 7 heures fut toujours un peu
ensommeillée. Au creux de l’hiver, les garçons faisaient
fondre la glace de nos cuvettes malgré leur bonne volonté,
le tintamarre étouffé des brocs d’eau chaude annonçait la
toute proche sonnerie de la cloche. Je ne redirai pas nos
pacifiques affrontements, sous les signes, en 5ème, de Saint
Michel et de Jeanne d’Arc, en 4ème, des GALLI et des
ROMANI. En seconde, le futur Mgr Delannoy, outre l’enseignement
des programmes, nous apprenait la "science des minutes
", le respect du temps.
En
" rhétorique " la dernière année de ce
nom, le brillant M. Béhague ouvrait le monde des romantiques
et l’horizon éclatant des Parnassiens.
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Pendant les récréations,
prédominance de la balle au chasseur. Après Pâques, balle
au camp ; la cour divisée en trois bandes longitudinales,
chaque classe répartie en trois camps, deux au jeu, un au
repos, généralement occupé par la balle à la main, jouée
à deux ; trois chefs choisissaient un à un leurs équipiers
d’après leur tenue devant une balle lancée en l’air (des
maladroits habituels réunissaient en rhétorique des
remontées étonnantes, d’abord pour eux-mêmes.
Quand les jours s’allongeaient,
une récréation après le " souper "
remplaçait le mouvement de 18 h.15 à 18 h.30 (pardon
! 6h15 - 6 h.30).
Chez les petits on jouait au ballon. Chez les grands, c’était
le jeu d’échasses. Une forteresse était destinée en creux
dans la cour ; trois châtelets encadraient un donjon ;
au milieu de chaque cercle, une forte quille un camp d’assaillants,
un camp de défenseurs une lourde boule garnie de clous
servait de projectile (défense de soulever) - Jeunesse !
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Des événements mémorables
? Chacun a sa mémoire! Choisissons quand même. En 1900,
dans la grande salle, au-dessus du dortoir du Sacré-cœur,
une séance imposante commémora le cinquantenaire de la loi
Falloux : ce n’est pas de là que date spécialement ma
fidélité à mon dernier article de foi politique, la
liberté d’enseignement, mais le souvenir est resté bon.
Des échos bien assourdis
nous signalaient des événements du dehors en 1900, le
renversement à Paris d’une majorité anticléricale au
conseil municipal, inébranlée depuis près de trente ans ;
en 1901, une encyclique, " GRAVES DE COMMUNI "
; cette même année, des rumeurs inquiètes sur la discussion
de la loi des associations, prélude de la persécution contre
les ordres religieux ;
en 1901 encore, à marquer d’un
caillou blanc, la visite de Mgr Favier, l’évêque de
Pékin, à la majestueuse barbe blanche.
Il était célèbre pour avoir été, l’année précédente,
l’âme de la résistance du Pei-tang, le quartier des
Européens, assiégé pendant trois mois par les Boxers
nationalistes ; son récit fut passionnant ; sa conclusion
" Des gens s’étonnent que, moi Lazariste, je sois en
si bons termes avec... (il citait plusieurs ordres religieux).
A ces gens, je réponds " Moi, je suis de la religion de
Saint Pierre ".J’ai écrit il y a un
instant que peu de souvenirs peuvent " couvrir "
cinq années d’internat.
Le
réfectoire vers 1900
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Il en est un cependant qui porte de
1898 à 1903. A la fin de l’étude du soir, nous étions à
genoux sur nos bancs. Chacun à notre tour, nous lisions la
prière. A un moment donné, le récitant s’arrêtait.
Dans
la grande salle silencieuse, un seul mouvement: les papillons
lumineux des becs Auer tremblotaient. Pendant une, parfois
deux minutes, nous faisions notre examen de conscience. Il y a
63-68 ans...
On entrait
au séminaire en 1900 en arrivant en voiture tirée
par un bon cheval de ferme .
On y entrait pour 6 semaines. Les petits avaient le
privilège d'être bordés le soir par Sœur St Rémi.
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On se levait à 5 heures. Pas d'eau courante, pas de chauffage.
L'hiver, on devait parfois briser la glace de son
bassin.. les élèves étaient coiffés de la
célèbre casquette... (prix: 3frs 20). Dans son
gousset l'élève emportait 5frs pour les menus frais.
Les deux sous de pistaches, le bâton de réglisse qui
se payait 3 sous! On appréciait le macadam ou le
jaune. Il se souvient du rôti de porc aux
haricots du lundi midi, du menu du vendredi soir(
soupe au lait, hareng, pruneaux...) |
Sources: Évocation
par Mr E.COORNAERT articles parus en Juillet 1960
dans le n°4 et n°10 du bulletin des anciens de l’Institution
Saint-François D’assise
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1886- l'abbé Lemire par le Chanoine B. Debussche
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1885- l'abbé
Lemire et ses élèves
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Enfin, pour terminer
ces évocations d’un lointain passé, laissez-moi
rappeler encore l’image et le souvenir d’un de mes
Professeurs de classe dont l’influence sur moi et bien
d’autres fut d’un tout autre genre.
Il est vrai que nous avions grandi. Nous ne pensions
plus en enfants, bien qu’il ne faille pas sous-estimer
les impressions du jeune âge. Elles laissent parfois des traces bien
profondes et souvent très salutaires. Je veux parler de mon PROFESSEUR
DE RHÉTORIQUE, comme on disait autrefois.
Ce
professeur s’appelait L’ABBE LEMIRE. |
Il était
encore bien inconnu à cette époque, à l’exception cependant
de ceux qui avaient l’heureux privilège d’être ses élèves.
Je suis de ceux-là, un rare survivant, presque le dernier car
j’ai 86 ans. Il m’est donc pas permis d’en parler à ce
titre, abstraction faite de toute autre considération qui a fait
de lui, plus tard, un personnage célèbre, non seulement à
Hazebrouck et dans la Région, mais encore dans la France entière...
Notre Professeur, l’Abbé LEMIRE, nous, ses élèves,
nous l’estimions et nous l’aimions beaucoup et lui nous aimait
aussi. C’était un enfant du Pays, un enfant de la Flandre. Il
parlait les deux langues. Il faisait sa classe, comme tous ses
confrères, avec le souci de faire entrer dans la tête de ses élèves
ce qu’il avait dans la sienne. Il parlait avec conviction, un
langage direct, simple sans emphase, très communicatif. Il
parlait avec son cœur autant qu’avec son esprit. Ses classes
passaient vite, elles étaient vivantes, sans être dissipantes.
Mais l’Abbé LEMIRE se transformait
quand il apparaissait en chaire à la Chapelle.. Doué
d’un organe magnifique et d’une forte carrure, c’était un
bel orateur de la parole sacrée.
Nous l’écoutions avec charme et avidité. Plus tard, il nous
apparut comme un tribun quand il affronta les foules, qu’il séduisait
par son éloquence prenante, et une logique irrésistible dans ses
arguments et avec ses expressions à l’emporte-pièce.
Nous, ses anciens élèves, nous étions fiers de lui et nous le
suivions, dans sa campagne électorale, avec enthousiasme.
Voulant limiter ces hommages, à l’époque de ma présence à l’Institution
St-François d’Assise, comme élève, j’arrête ici
volontairement ce témoignage d’estime et de reconnaissance à
l’adresse de mon ancien Maître l’Abbé LEMIRE. Mais
j’avoue sans ambages, que c’est avec fierté et de grand cœur
qu’à l’occasion je salue, au passage, sa belle statue, que la
Ville d’Hazebrouck reconnaissante, a élevée à sa mémoire.
Je salue en elle, avec respect et affection, un
grand citoyen, un excellent prêtre, et mon illustre et ancien
Professeur et Maître, l’Abbé LEMIRE.
" Gloria et honor tibi sit"
" Honneur et Gloire à sa pieuse Mémoire
source: journal des anciens n°3 juillet
1959
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